Dans un univers complexe et imprévisible, la morale n’est pas un luxe mais une obligation. Il n’y a de performance durable qu’avec une éthique forte, diffusée, affichée et une vigilance à toute dérive morale. L’élection présidentielle française de 2017 a mis au grand jour l’échec voire la faillite des partis politiques qui ont occupé le pouvoir pendant des décennies et a permis de mesurer le degré de démotivation de ceux qu’ils étaient censés protéger et servir. Le « dégagisme » d’envergure qui s’est imposé comme un gigantesque tsunami électoral a été directement proportionnel aux déceptions, amertumes et mal-être des femmes et des hommes qui se sentaient négligés, oubliés ou trahis. Chaque fois qu’un individu s’écarte de sa mission, les autres et le monde lui envoient des messages d’insatisfaction. Lorsque les gens de pouvoir dont la mission est de se préoccuper de celles et ceux qui les ont légitimés et installés donnent le sentiment de se servir plutôt que de servir, la sanction tombe inéluctablement entrainant des ruptures parfois violentes. Il n’y a pas de hasard, il n’y a pas de chance, il n’y a pas de malchance. En politique comme dans toute autre activité, tout ce qui arrive a un sens précis, concret qu’il faut comprendre et décoder. La violence de la rupture indique le nombre de messages qui n’ont pas été entendus avant et l’aveuglement et la surdité de l’agressé. La réalité est comme le facteur de James Hadley Chase et corroboré par un proverbe français :
« le facteur frappe toujours trois fois, la quatrième, il tue »
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Que ce soit dans l’univers de la politique, de l’économie, du sport ou de la santé, tout le monde a en mémoire des noms de personnes physiques ou morales célèbres qui brillaient sous les feux de la rampe et qui se sont affranchies des règles de bonne moralité. Tous le paient très chèrement en descendant de leur piédestal sur une échelle mortifère qui les sort définitivement des radars. La morale ne fait pas loi, mais dans un monde instable, incertain et imprévisible où les valeurs s’inversent, l’élégance morale s’y apparente d’autant plus pour celles et ceux qui se destinent à des responsabilités importantes et médiatiquement exposées. De grandes personnalités politiques comme François Fillon, François Bayrou, Marine le Pen, Richard Ferrand, Marielle de Sarnez, alors qu’ils sont toujours dans le temps de la présomption d’innocence, donc pas encore jugés, ont été empêchés d’accéder au poste à haute responsabilité qu’ils convoitaient ou ont dû quitter celui éminemment honorifique dans lequel ils étaient déjà installés. Plus graves, d’autres comme Jérôme Cahuzac, Dominique Strauss Kahn, condamnés par la justice pour des faits avérés, sont tombés honteusement et douloureusement dans les affres de l’enfer et ont vu leur parcours brillant de tout une vie partir en fumée. Dans le monde du sport, les dérives peuvent être d’un autre ordre, mais quoiqu’il en soit, elles sont toujours dramatiques. Les exemples sont nombreux et dans toutes les disciplines. Il suffit de citer Lance Armstrong ou Marion Jones qui au total ont perdu 12 médailles suite à un contrôle de dopage. Lorsqu’un individu ou un groupe est accusé de faute morale, il le paie très cher car sa victoire est remise en cause et avec elle toutes les victoires antérieures.
Il ne s’agit pas ici d’égrener toutes les liste de celles et ceux qui ont failli, elle serait beaucoup trop longue ; ces exemples doivent être perçu non pas comme une occasion d’en rajouter sur les fautes morales des personnes citées mais comme un éclairage sur le concept de l’incontournabilité de la chose morale pour performer durablement dans l’exercice du métier. C’est dire que l’individu quel qu’il soit est par nature faillible et le Manageur est ainsi directement confronté à des situations de dérive et de conflits. Celles-ci sont d’autant plus visibles et choquantes que les protagonistes ont atteint un sommet dans leur métier, que ce soit dans le monde la politique, de l’art, du sport ou de l’entreprise. Plus le monde dans lequel l’individu ou l’équipe évolue est instable, imprévisible, à fort enjeu, voire dangereux, plus les fondamentaux éthiques et motivationnels doivent être amplifiés et respectés.